Quel est cet animal vous aide à déterminer les animaux de tout genre que vous pouvez rencontrer en France et en Europe.
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La tourterelle turque

Complètement absente de France avant 1950, elle est présente dans tous les départements français 30 ans plus tard. La placide tourterelle turque ? Un oiseau qui a recouvert un continent en moins de 100 ans.

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Streptopelia decaocto

POSITION SYSTÉMATIQUE  Vertébré, Oiseau, Colombiforme

Familles des Colombidés

 

ETYMOLOGIE

Streptopelia signifie pigeon avec un collier en grec. Et decaocto : 18 en latin. Apparemment une référence à un mythe grec où une servante payée seulement 18 pièces est transformée en tourterelle se plaignant « hou hou ».

Les anglo-saxons, plus pragmatiques, l’appellent « Eurasien Collared Dove » : le pigeon à collier eurasien.

 

DESCRIPTION

Taille : entre 27 et 33 centimètres. C’est nettement plus petit qu’un pigeon ramier et légèrement plus petit qu’un pigeon (biset) des villes.

Colorations : La tourterelle s’identifie facilement par son plumage beige/crème uni de loin et son collier noir bordé d’un liséré blanc sur l’arrière du cou. Lorsqu’elle est posée, on remarque ensuite le bout des ailes plus sombres. En effet, des zones marbrées légèrement plus foncées se dégagent. Les deux sexes sont semblables.

 

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Forme / Allure: Allure propre aux pigeons avec une petite tête et des petites pattes sur un gros corps bombé. Les tourterelles apparaissent tout de même plus légères et sveltes que les pigeons.

Vol : C’est un oiseau taillé pour le vol. Massive et rapide, la tourterelle effile sa queue et ses ailes lorsqu’elle parcourt un minimum de distance. Quand on la voit pourtant c’est le plus souvent lorsqu’elle étale ses ailes et sa queue pour freiner sa vitesse en se posant ou en paradant.

 

Comportement :

Posée sur une branche ou plus remarquablement sur des poteaux et fils, il n’est pas rare de voir un couple dans ce genre de cas.

Marchant (elle ne sautille pas comme d’autres oiseaux) sur le bitume ou sur les gazons à la recherche de nourriture à picorer.

Fait marginal : c’est un oiseau dont on rapporte, sporadiquement, des pontes hivernales. L’Atlas des Oiseaux Hivernants note que les tourtereaux sont capables de survivre à des températures proches de -10°C. Tout ça pour dire qu’on peut donc observer des comportements nuptiaux avec le mâle qui bombe le torse et étale les plumes de sa queue (c’est d’ailleurs la seule occasion de différencier le mâle de la femelle) même en hiver.

La parade nuptiale est par ailleurs très élaborée et on peut souvent voir le mâle s’envoler le plus à la verticale possible en claquant les ailes avant de retomber ailes et queue étendues.

 

Cri :

La plupart des guides s’accordent sur un « cou-coûh couh » mais cet oiseau est tellement répandu dans les agglomérations que chacun connaît son cri.

DÉTAILS À VÉRIFIER :

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AIRE DE RÉPARTITION, STATUT :

L’espèce est originaire d’Asie Méridionale et vers 1900 on ne la trouvait guère en Europe qu’en Turquie et à l’extrême Est de la Grèce. Depuis les Balkans, elle a progressé de manière unique à partir des années 30 et colonise presque entièrement l’Europe aujourd’hui.

Véritable « cas d’école » moderne de la conquête d’un oiseau sur un continent, la progression de l’espèce est particulièrement bien suivie par la plupart des sociétés ornithologiques européennes. C’est à l’année près qu’on est capable de savoir l’arrivée d’une part et la première reproduction d’autre part de l’espèce dans les différents pays (voir même les régions ou départements dans certains cas).

On évoque l’apparition d’un couple mutant pour expliquer cette formidable progression depuis les Balkans. Des individus plus anthropophiles, plus résistants au froid et plus enclins à l’exploration sont présumés à la base de ce phénomène.

A partir de là, la progression s’est faite par vagues massives et successives au cours des 60 dernières années. La colonisation de l’Allemagne dans les années 40 semble être un point de non-retour. En effet, en rayonnant dans tous les sens, l’ensemble des pays européens allait entièrement être colonisé quelques années plus tard.

En 1990, l’est de la Russie et les côtes de Norvège, Suède et Finlande sont occupés. En 2005, l’ensemble de la péninsule ibérique, le sud de l’Italie, les îles méditerranéennes et le nord du Maghreb étaient recouverts au Sud.

En France, l’espèce n’apparaît qu’en 1950. Depuis une dernière vague de colonisation amorcée dans les années 70 vers le Sud-Ouest, elle niche partout.

 

Introduite dans les Caraïbes dans les années 70, les tourterelles turques ont atteint la Floride en 1980. Le site TheCornelllab of Ornithology la donne présente sur la quasi-totalité des Etats-Unis aujourd’hui.

 

Statut : C’est un oiseau classé parmi les gibiers et qui est donc chassé bien qu’il ne semble pas être un mets de choix ni un trophée particulièrement apprécié. Malgré cela et pour l’ensemble des raisons évoquées précédemment, l’espèce n’est pas considérée comme menacée.

 

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HABITAT :

C’est un oiseau largement anthropophile et pour cause, sa présence est directement corrélée aux graines qu’elle peut trouver. Elle s’accommode donc au mieux des ports, des gares ou des grands moulins où l’Atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne note, dans ces endroits, des regroupements pouvant compter « plusieurs centaines d’individus ».

Mais on la verra le plus souvent dans l’ensemble des villes, des villages et la plupart des hameaux.

 

PERIODE D’OBSERVATION :

Toute l’année et dans toutes les villes et villages de France. C’est un oiseau particulièrement robuste qui ne craint pas les hivers les plus rudes.

L’espèce est largement considérée comme sédentaire même si, on l’a vu, elle est largement conquérante. Il semble que ça soit les jeunes de l’année qui explorent les nouvelles contrées à occuper.

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BIOLOGIE

Alimentation :

C’est avant tout une espèce granivore mais l’ensemble de la littérature rapporte que la tourterelle peut manger de petits insectes et, surtout dans les villes, divers déchets organiques tombés ici et là. Dans les jardins des villes, elle n’est pas rare sur les postes de nourrissage souvent dessous pour ramasser les graines et miettes tombées.

Reproduction :

Les colombidés sont parmi les pires constructeurs de nids. D’ailleurs, c’est souvent leurs œufs cassés et progénitures qu’on trouve au sol quand on se promène.

Les tourterelles turques enchevêtrent quelques branches ou racines pendant deux ou trois jours pour constituer un nid sommaire. En général deux œufs blancs y sont déposés mais on a rapporté jusqu’à 7 œufs dans un même nid.

Les deux parents (mais principalement la femelle) couvent les œufs durant 14 jours et les jeunes quittent le nid 18 jours plus tard. Les parents ne nourrissent les jeunes sortis du nid que durant 2-3 jours ensuite. Les jeunes sont nourris avec le fameux « lait de pigeon » préparée dans le jabot des adultes.

Mais une espèce ne peut être aussi conquérante sans éléments marginaux liés à la reproduction. On l’a vu, et si la majorité des couvaisons ont lieu entre avril et octobre, des couvaisons en plein hiver sont régulièrement rapportées. F. Sueur rapporte dans Quelques aspects de la biologie de la Tourterelle Turque en Picardie que les jeunes étant sortis de l’œuf par -10°C ont réussi leurs envols.

De plus et en cas de perte, une couvaison de substitution est immédiatement relancée. Pas étonnant de la part d’un oiseau qui peut réaliser jusqu’à 7 couvaisons par an (plus régulièrement entre 2 et 4) !!!

 

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ANECDOTES ET CURIOSITES :

Durant la fouille du Castrum d’Auberoche en Dordogne, on a retrouvé des ossements de Tourterelle Turque datant du… 12ème siècle. Preuve de la présence de l’espèce en France ? En attendant d’autres fouilles concordantes le mystère reste entier

 

 

RÉFÉRENCES :

Couzens, 2006. Identifier les oiseaux par leur aspect, leur comportement et leur habitat. Artemis.

Couzens, 2013, Identifier les oiseaux : Eviter les pièges d’identification les plus complexes. Delachaux & Niestlé.

Groupe Ornithologique Breton, 2012. Atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne. Delachaux & Niestlé.

Coordination régionale LPO Pays de Loire, 2014. Oiseaux nicheurs des Pays de la Loire. Delachaux & Niestlé.

Yeatman-Berthelot, Jarry, 1995. Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France.

Yeatman-Berthelot, Jarry, 1991. Atlas des oiseaux de France en Hiver. Société Ornithologique de France.

 

Perrier, 1924. Faune de France Illustrée, tome X Vertébrés. Delagrave.

Peterson, Mountfort, Hollom & Géroudet, 1994 (1ère édition en 1954). Guide des Oiseaux de France et d’Europe. Delachaux & Niestlé.

Vansteenwegen, 1998. L’histoire des oiseaux de France, Suisse et Belgique. Delachaux & Niestlé.

Vinicombe, Harris, Tucker, 2014. Le Guide expert de l’ornitho : Pour éviter les pièges de l’identification. Delachaux & Niestlé.

 

En ligne :

Inventaire national du patrimoine http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/3429/tab/fiche

http://archives.picardie-nature.org/?action=telecharger_article&article=1054

http://www.oiseaux-birds.com/fiche-tourterelle-turque.html

https://www.allaboutbirds.org/guide/Eurasian_Collared-Dove/id

https://www.rspb.org.uk/discoverandenjoynature/discoverandlearn/birdguide/name/c/collareddove/

Les oiseaux de France  http://www.oiseaux.net/oiseaux/france.html

 

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14 commentaires sur “La tourterelle turque”